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L’homélie, une parole inspirée par la Parole

vendredi 13 février 2015

Présentation du nouveau Directoire sur l’homélie

Anne Kurian

ROME, 10 février 2015 (Zenit.org) - L’homélie « n’est pas un discours quelconque, mais une parole inspirée par la Parole de Dieu », déclare le cardinal Sarah à l’occasion de la publication du “Directoire sur l’homélie” rédigé par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Le cardinal Robert Sarah, préfet du dicastère, Mgr Arthur Roche, secrétaire, le P. Corrado Maggioni, SMM, sous-secrétaire, et M. Filippo Riva, official du Conseil pontifical pour les communications sociales, ont présenté le « directoire », ce mardi matin, 10 février 2015, au Vatican.

Le cardinal Sarah a fait observer que « c’est l’homélie, appréciée comme belle ou mauvaise, intéressante ou ennuyeuse, qui détermine souvent la réussite ou non de la célébration entière » : si « l’homélie n’est pas la messe », elle en représente « un moment important ».

Bien qu’il « ne puisse résoudre tous les problèmes », le directoire a « pour objectif d’offrir une réponse » pour « améliorer le service des ministres ordonnés et de la prédication liturgique », a-t-il expliqué. Le pape François en a approuvé le texte définitif.

La genèse du directoire

Le cardinal a rappelé que ce document avait été demandé par les pères du synode de 2005 sur l’Eucharistie et du synode de 2008 sur la Parole de Dieu. Cette demande a été relayée par Benoît XVI dans les exhortation apostoliques Sacramentum caritatis (2007) et Verbum Domini (2010).

« Prêcher d’une manière juste en s’appuyant sur le lectionnaire est véritablement un art qui doit être développé. Par conséquent (...) je demande aux autorités compétentes de penser aux instruments et aux outils appropriés pour aider les ministres à assurer le mieux possible leur ministère, en élaborant par exemple un Directoire sur l’homélie de façon que les prédicateurs y puissent trouver une aide précieuse pour se préparer à l’exercice de leur ministère », écrivait Benoît XVI (VD 60).

Ce projet a été « accéléré » par l’insistance du pape François sur les homélies, notamment dans son exhortation apostolique Evangelii gaudium qui traite de cette question dans 35 paragraphes (nn. 135-159) dont 15 consacrés à la préparation de la prédication (nn. 145-159) : « Je m’attarderai en particulier, et avec un certain soin, à l’homélie et à sa préparation, car les réclamations à l’égard de ce grand ministère sont nombreuses, et nous ne pouvons pas faire la sourde oreille. » (EG 135).

Mission du ministre ordonné

« L’homélie est un service liturgique réservé au ministre ordonné, qui est appelé par vocation à servir la Parole de Dieu selon la foi de l’Église », a précisé le cardinal : « Elle n’est pas un discours quelconque, mais une parole inspirée de la Parole de Dieu qui résonne dans une assemblée de croyants, dans le contexte d’une action liturgique, en vue d’apprendre à pratiquer l’Évangile de Jésus-Christ. »

En ce sens, elle « met en cause celui qui la prononce » : « la technique ne suffit pas » car « l’homélie doit exprimer la vie du prêtre ». C’est pourquoi « sa préparation demande étude et prière, expérience de Dieu et connaissance de la communauté à qui l’on s’adresse, amour pour les saints Mystères et amour pour le Corps vivant du Christ qui est l’Église », a poursuivi le cardinal.

Mgr Roche lui a fait écho en soulignant que « la prédication dans l’homélie est une des parties principales de la pastorale des ministres, qui consiste à annoncer l’Évangile de Jésus Christ ».

Pour l’archevêque, « l’homélie ne peut être improvisée ». Le pasteur doit « se demander sans cesse quelles compétences il doit cultiver, quels sont les réels besoins et les attentes de la communauté », comme le pape François le souligne : « La préparation de la prédication est une tâche si importante qu’il convient d’y consacrer un temps prolongé d’étude, de prière, de réflexion et de créativité pastorale. » (EG n. 145).

Une bonne homélie doit « conduire à goûter ce qui sort de la bouche de Dieu, ouvrir les cœurs à l’action de grâce, alimenter la foi dans les œuvres de l’Esprit-Saint, préparer à une communion sacramentelle fructueuse avec le Christ, et exhorter à vivre ce qui est reçu dans le sacrement », a affirmé Mgr Roche en estimant que les « talents d’orateur » étaient inutiles s’ils ne suscitaient pas ces effets.

Quelques règles pour l’homélie

L’homélie ne doit être « ni trop longue, ni trop brève », précise le directoire : mais la longueur d’une homélie « dépend de la culture où l’on se trouve », a fait observer le cardinal Sarah : « si en occident, 20 minutes c’est trop, en Afrique, 20 minutes ne suffit pas, car les gens viennent de loin pour écouter la Parole de Dieu... nourrir le peuple de Dieu dépend de la culture... Dans une culture qui n’a pas le temps, il est difficile de prêcher longuement ».

Le P. Maggioni a noté que le temps consacré à l’homélie dépendait « d’une série de variantes », car « l’homélie est liée au rythme de la célébration » et elle « doit être en proportion avec le reste de la messe ». Avec les enfants, « l’homélie peut être dialoguée », a-t-il ajouté.

« Le plus important est que l’homélie ne soit pas ennuyeuse... le prêtre a la responsabilité d’apporter les réalités de la vie de Dieu et de les appliquer aux réalités de la vie de la personne humaine », a souligné Mgr Roche.

Quant à la matière de l’homélie, a précisé le cardinal Sarah, elle doit être suscitée « par les Écritures disposées par l’Église dans le lectionnaire » et « par la célébration dans laquelle ces lectures sont insérées, c’est-à-dire par les prières et les rites qui constituent cette liturgie, dont le protagoniste principal est Dieu, par le Christ son Fils, dans la puissance de l’Esprit-Saint ».

 



 

Les recommandations du Vatican pour une bonne homélie

Structure du Directoire envoyé aux Conférences épiscopales

Anne Kurian

ROME, 10 février 2015 (Zenit.org) - Le Saint-Siège publie un “Directoire sur l’homélie”, rédigé par la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements : ces recommandations sur l’art de la prédication, ont été envoyées aux Conférences épiscopales du monde.

Le document été au présenté au Vatican ce 10 février 2015, par le cardinal Robert Sarah, préfet du dicastère, Mgr Arthur Roche, secrétaire, le P. Corrado Maggioni, SMM, sous-secrétaire, et M. Filippo Riva, official du Conseil pontifical pour les communications sociales.

Le P. Maggioni a décrit la structure du directoire, précisant qu’il ne s’agissait pas « d’un recueil d’homélies toutes prêtes ni d’un manuel, avec des explications exégétiques, spirituelles et pastorales autour des lectures de la messe ».

Ce guide ne prétend pas non plus « tout dire sur l’homilétique » mais se concentre « sur quelques aspects précis du point de vue de la théologie liturgique et de la célébration » : par exemple, les questions de la communication, de l’éloquence ou de l’art de parler en public n’y sont pas abordées.

Le directoire est destiné « aux évêques et aux prêtres avant tout, mais aussi aux séminaristes et à leurs formateurs ». Il a été envoyé aux Conférences épiscopales en langue anglaise (originale) avec la traduction italienne. Une traduction « de base » a été aussi offerte en castillan et en français.

Divisé en deux parties, le document est structuré par quatre thèmes principaux, a expliqué le P. Maggioni : « la place de la Parole de Dieu dans l’action liturgique ; les principes de l’interprétation biblique ; la connaissance de l’Écriture et de la liturgie de la part de celui qui fait l’homélie et l’incidence sur sa vie spirituelle ; et enfin ceux à qui l’homélie s’adresse, leurs cultures et leurs situations, afin de les aider à rendre leur vie évangélique ».

La première partie évoque « l’homélie et le cadre liturgique : qu’est-ce que l’homélie, sa fonction et le contexte dans lequel elle est donnée – il ne s’agit pas tant d’une instruction informative que d’un acte inséré dans une séquence liturgique performative – comme les aspects qui la connotent, entre autres le ministre ordonné qui en est chargé, la dynamique qui la sous-tend (la référence à des lectures bibliques et des prières, l’expérience sacramentelle en acte, le vécu), l’attention aux destinataires ».

Elle se poursuit avec « l’interprétation de la Parole de Dieu » - « l’exégèse du texte écrit, l’exégèse priante de la Parole de Dieu, en vue de l’exégèse vécue de l’Évangile qu’est la charité » - et la question de la « préparation proche et lointaine » de l’homélie, appelant notamment la lectio divina.

La seconde partie, sur l’art de la prédication, « traite de la méthode et du contenu d’une homélie (choisir que dire, pourquoi le dire, comment le dire à "cette" assemblée) ».

À titre d’exemple, le directoire propose « des clés pour aborder les thèmes et les textes, pour le cycle des dimanches et jours de fête (...) avec des références aux messes de semaine, de mariage et d’obsèques », a précisé le P. Maggioni.

« Les critères exposés dans la première partie sont appliqués dans ces exemples : la typologie de l’Ancien et du Nouveau Testament, l’importance du passage d’Évangile pour l’herméneutique du message biblique, l’ordre des lectures et la raison de leur choix, le lien entre liturgie de la Parole et liturgie eucharistique, entre message biblique et réponse priante, entre célébration et vie, entre écoute de Dieu et écoute de la communauté historique, c’est-à-dire en un temps, un lieu et une culture donnés », a-t-il ajouté.

Enfin, deux annexes fournissent des références pour les trois cycles des dimanches et jours fériés et une liste des documents magistériels abordant la prédication.

Avec une traduction de Constance Roques


 
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