MOT DE MGR ANATOLE MILANDOU À L’INTRONISATION DE MGR BIENVENU MANAMIKA

1. Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État,
Messieurs et Mesdames les Représentants des Institutions politiques et administratives de notre pays, en vos rangs, grades et qualités.

2. Leurs éminences, les Cardinaux Dieudonné NZAPALAINGA et Fridolin AMBONGO, chers collègues Archevêques et Évêques du Congo et d’ailleurs, cher ami et frère, Mgr Guy de KERIMEL. Chers prêtres, religieux et religieuses, chers frères et sœurs dans le Christ.

3. Au début de cette célébration eucharistique et avant l’installation de Mgr Bienvenu Manamika, l’honneur n’échoit de vous souhaiter tous, la bienvenue dans ce célèbre et historique Stade Éboue qui fut en son temps, « le temple » du football où se déroulèrent les grands derbys nationaux et internationaux.

4. Permettez-moi de commencer par saluer la présence ici du Chef de l’État, qui n’était pas là le 31-10-2021, pour raison de contraintes de travail. En effet, vous étiez allé à la Conférence de Glasgow défendre avec âpreté la cause du climat et de la préservation du Bassin du Congo, deuxième poumon de notre planète.

5. Merci, Monsieur le Président, pour les vingt années passées ensemble, en bons voisins, merci surtout pour la confiance réciproque, que ni les difficultés liées à nos charges respectives ni les nombreux tumultes vrais ou supposés n’ont jamais pu entamer. Oui, je peux l’attester ici : rien ni personne n’a pu nous sortir de nos rôles respectifs ! C’est l’occasion pour moi de vous dire un grand et sincère merci pour toute l’aide multiforme que vous avez apportée à l’Église de Brazzaville durant les vingt ans de mon mandat épiscopal, ainsi que pour l’aide apportée dans la préparation de ces deux derniers événements.

6. Après le Chef de l’État, c’est tout naturellement vers vous, nos Éminences cardinalices, NZAPALAINGA et AMBONGO, que mon regard se tourne à présent, vers vous qui êtes venus respectivement de Bangui et de Kinshasa.

7. Votre présence à Brazzaville et celle des délégations qui vous accompagnent ce jour, n’est pas une simple expression de la courtoisie que l’on doit à des voisins trop proches géographiquement pour être ignorés. Votre présence souligne au contraire l’attachement ombilical qui nous lie, bien au-delà des associations régionales dont nous sommes membres : ACERAC, ACEAC, SCEAM et j’en passe.

8. J’ai dit attachement ombilical, car nous sommes nés du même ventre de la terre comme de la foi au Christ Jésus. En effet, c’est ici au Congo que Mgr Joachim NDAYEN et d’autres anciens de la Centrafrique tel le doyen Mgr NGOUI ont fait leur formation presbytérale aux côtés, d’Émile BIAYENDA, de Georges Firmin SINGHA, d’Émile Okoumou, de Barthélémy BATANTU, Félix BIEKABEKA, Louis BADILA, et bien d’autres.

9. Oui, c’est du Petit Séminaire de MBAMOU et du Grand Séminaire LIBERMANN, aujourd’hui Émile BIAYENDA, que sont sorties des générations et des générations de prêtres, qui ont marqué l’histoire de nos jeunes églises : du Congo-Brazzaville, de la RCA, du CAMEROUN, du GABON, du TCHAD et même de la RDC.

10. Et vous le savez, Éminence Cardinal Fridolin AMBONGO : depuis plusieurs décennies maintenant, nombreux de nos prêtres dont Mgr Bienvenu lui-même, sont formés dans vos maisons de formation, en particulier à MAYIDI et à KINSHASA. L’Archidiocèse de Brazzaville avait déjà des échanges avec le diocèse de Kikwit et un partenariat fructueux avec le diocèse de Kisantu, initié par mon prédécesseur, Mgr Barthélémy BATANTU même si nos différentes crises sont venues freiner ce partenariat.

11. Au moment où Mgr MANAMIKA prend possession de ce diocèse, je forme le vœu que votre présence à Brazzaville marque le début d’une nouvelle ère dans les relations entre nos églises locales sœurs. D’ailleurs avec l’ouverture, cette année, de la faculté de médecine à l’Université Catholique du Congo Démocratique nous comptons envoyer des prêtres et des Religieuses s’y former.

12. À Monseigneur Guy de Kerimel, évêque de Grenoble, toute notre reconnaissance pour l’accueil de nos prêtres dans votre diocèse. Merci également d’avoir accordé tout dernièrement, l’hospitalité à Mgr Bienvenu pour les soins médicaux. Vous venez de faire une fois encore le déplacement de Brazzaville. C’est le signe, à n’en point douter du rapprochement de nos deux diocèses. Soyez-en remercié.

Je salue tous les évêques ici présents venus d’autres pays ainsi que les délégations qui vous accompagnent.

13. À vous Mgr MANAMIKA-BAFOUAKOUAOU, comme le suggère du reste votre prénom, je souhaite de tout cœur une bienvenue chaleureuse à Brazzaville !

14. Vous le savez, Mgr et cher cadet, ce n’est ni par contrainte ni par lassitude que j’ai rendu mon tablier, mais par sens du devoir qui veut que le pouvoir dans l’Église soit un service, que l’on rend et que l’on transmet lorsque le temps est venu de passer la main à celui que le Seigneur, par la voix du Saint-Père, choisit pour continuer à paître son troupeau. Soyez le Pasteur de toutes les brebis de ce diocèse qui est grand et populeux !

15. Moise transmit sa charge à Josué, le grand prophète Élie qu’on croyait immortel, jeta son manteau sur Élisée, et Notre Seigneur, tout Fils de Dieu qu’Il était, se choisit des Apôtres pour continuer la mission qu’Il avait Lui-même reçue de son Père, en venant dans le monde.

16. Puisque c’est le même Seigneur Jésus qui vous appelle à me succéder, c’est de tout cœur que je vous transmets le flambeau de la Foi que j’ai moi-même reçu de mes prédécesseurs.

17. Veuillez à le garder toujours allumé, dans cette ville tantôt lumineuse tantôt lugubre, dans cette ville aux nombreuses musiques, comme me le confit Mgr BATANTU à mon arrivée à Brazzaville : « Brazzaville, disait-il, a beaucoup de musiques. »

18. A l’époque, je croyais qu’il faisait simplement allusion à la musique des BANTOUS de la Capitale, de RAFA BOUNZEKI ou de CHARMAN. Mais au fil des temps, j’appris à découvrir ces musiques souvent harmonieuses, mais parfois cacophoniques. Je compris alors que le rôle de l’Évêque est de mettre un peu d’harmonie dans tout cela, d’amener tous les artistes à produire ensemble une belle symphonie.

19. Soyez donc ce chef d’orchestre capable de faire concourir tous les talents pour produire une musique agréable à l’oreille de notre Dieu et de toutes les brebis dont vous recevez aujourd’hui la charge, sans en n’exclure personne.

20. Quant à toi peuple de Dieu et à vous les prêtres, pasteurs du peuple de Dieu qui est un et indivisible, je pense que je n’ai plus rien à ajouter à tout ce que je vous ai dit et enseigné vingt durant.

21. Juste vous mettre peut-être en garde contre une tentation à laquelle vous pourriez succomber : celle de croire qu’un Archevêque émérite est un Archevêque-bis.

22. Non, l’Archevêque émérite ne cogère pas le diocèse. Il n’est pas non plus un recours ni une alternative. Il est fini le temps de Mgr MILANDOU. Il n’y a pas de doublon. Aujourd’hui commence le temps de Mgr Bienvenu MANAMIKA-BAFOUAKOUAOU !

23. C’est donc à vous aussi que je confie son ministère épiscopal : soutenez-le par votre entière disponibilité au service, par votre amitié et surtout par votre prière quotidienne ! Quant à moi, tout en portant les soucis de l’Église du Congo, je vais organiser mon monastère pour être plus permanent et assidu à la prière débarrassée de nombreux soucis liés à la gouvernance quotidienne du diocèse.

24. Mgr Bienvenu MANAMIKA-BAFOUAKOUAOU, je vous souhaite donc un bon début d’apostolat à Brazzaville, la ville aux nombreuses musiques. Bon vent à vous et que le Seigneur vous accompagne toujours. Je vous remercie !

DIMANCHE 21 NOVEMBRE 2021

MGR ANATOLE MILANDOU
MESSE DE PRISE DE FONCTION DE MGR BIENVENU MANAMIKA
AU STADE FÉLIX-ÉBOUÉ