CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU CONGO


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MESSAGE DES ÉVÊQUES DU CONGO SUR LES ÉLECTIONS 2022

jeudi 2 juin 2022

N/Réf. : 006/CEC/PR/2022

« Père consacre-les dans la vérité » (Jn 17, 17)

Déclaration de la Conférence Épiscopale du Congo (CEC)
sur les Élections à venir !

Chers Filles et Fils bien aimés dans le Seigneur !
Femmes et Hommes de bonne volonté !

1. Réunis en Session Extraordinaire, ce 17 mai 2022, au Centre Interdiocésain des Œuvres (CIO), en ces jours où nous venons de clôturer l’année jubilaire marquant les 50 ans de notre Conférence Épiscopale, nous, Archevêques et Évêques, Membres de la Conférence Épiscopale du Congo (CEC), saisissons cette opportunité pour vous adresser à vous, nos filles et fils dans la foi, et à toutes les personnes éprises de paix, de justice et d’amour, un message d’encouragement au sujet des élections qui vont bientôt se tenir dans notre pays.

2. Conformément à sa conscience et à sa mission prophétique, la Conférence des Évêques du Congo ne peut pas ne pas vous accompagner, vous Peuple Congolais, dans vos droits et devoirs de citoyens et de souverain primaire.

3. Motivés par l’aspiration du Peuple congolais au mieux-être, nous adressons cette déclaration aussi bien aux Électrices et Électeurs qu’à celles et ceux qui s’apprêtent à solliciter le suffrage de nos Compatriotes.

Appel aux Électrices et Électeurs !

4. Aux électrices et électeurs, nous voudrions rappeler ces paroles profondes du Christ au cours de sa Prière sacerdotale : « Père, l’heure est venue... consacre-les dans la vérité » (Jn 17, 17). En d’autres termes, consacre, sanctifie, établis-les dans la droiture et dans l’intégrité morale.

5. Nous rappelons tout d’abord que le vote n’est pas facultatif, mais est un droit et un devoir civique, qui doit être exercé. Des générations de femmes et d’hommes se sont battues, parfois au prix de leur vie, pour pouvoir obtenir le droit de voter librement, c’est-à-dire, d’impacter en toute responsabilité sur l’attribution des fonctions politiques et indirectement sur l’accès aux hautes fonctions dans leurs pays respectifs. Il ne nous appartient pas en conscience de négliger ce droit et devoir individuel et communautaire, par l’indifférence ou par un usage qui ne serait pas conforme, ni à la démocratie, ni à l’exigence morale d’une conscience chrétienne.

6. Par conséquent, ne pas exercer le droit de vote, là où on en a la jouissance même restreinte, c’est non seulement se désintéresser de la vie de la nation dans laquelle Dieu dans sa prévenance nous a placés, mais c’est aussi faire preuve de mépris pour tant de sacrifices de femmes et d’hommes qui ont lutté pour les droits humains. Par notre baptême nous sommes des collaboratrices et des collaborateurs du Christ Jésus, qui a confié à ses Disciples la mission de poursuivre l’annonce et la construction du Règne de Dieu sur la terre.

7. Voilà pourquoi, nous, vos Pasteurs, voulons vous exhorter à vous impliquer dans le processus électoral à venir, en vous assurant d’avoir votre nom sur les listes électorales et de vous procurer à temps votre Carte d’Électeur, de connaître votre Bureau de Vote, sans oublier de vous imprégner des dispositions de la Loi électorale, afin que vous soyez en mesure d’apprécier le déroulement du vote du début jusqu’à la fin du processus.

8. S’impliquer dans les prochaines Élections, c’est aussi vous intéresser aux candidats qui veulent solliciter vos suffrages, en étudiant leurs programmes, mais aussi leurs biographies et leur capacité réelle et sincère à tenir leurs promesses.

9. Ainsi, vous serez en mesure de faire le tri, parmi celles et ceux qui viendront bientôt solliciter vos suffrages. Vous contribuerez alors à des élections objectives et crédibles, libres de l’achat des consciences et des manipulations (Cf. Messages de la CEC, du 16 mai 1992, sur les Élections, n. 4).

Appel aux Candidates et Candidats !

10. À tous nos compatriotes, femmes et hommes, qui vous préparez à entrer en campagne, pour aller solliciter les suffrages des Congolaises et des Congolais, pour devenir leurs Députés, c’est-à-dire, leurs Représentantes et Représentants à l’Assemblée Nationale, nous, Archevêques et Évêques du Congo, estimons de notre devoir de vous rappeler que la politique est une vocation, la vocation à servir le bien commun au profit du plus grand nombre possible, sur la base de la justice, de la vérité et de l’égalité des chances pour tous.

11. Comme n’ont cessé de le rappeler les Papes depuis plusieurs décennies, la politique accomplie dans le respect fondamental de la vie, de la liberté et de la dignité des personnes, est la forme la plus éminente de la charité (Cf. Pape François, reprenant Benoît XVI, dans son Message pour la 52ème Journée mondiale de la paix, 8 décembre 2018). Pour pouvoir s’y employer, les candidates et candidats n’ont pas seulement besoin d’un bon programme, mais aussi et surtout d’un bon cœur, disposé à servir les autres, avec désintéressement et abnégation. Ce qui suppose de connaître celles et ceux que l’on veut représenter, leurs besoins et leurs souffrances pour pouvoir devenir des vrais Représentantes et Représentants du peuple.

12. Prendre au sérieux les Électrices et Électeurs, c’est également les respecter et surtout ne pas brader leur droit inaliénable à décider par eux-mêmes, à qui ils veulent confier leur destin. C’est donc pour tous, le moment de tourner le dos aux pratiques nuisibles de l’achat des consciences par la corruption directe ou indirecte, par les trafics d’influence, les intimidations et les autres formes de pressions. Ces pratiques n’honorent pas notre pays et font reculer la cause de la démocratie (Cf. Message des Évêques du Congo sur les antivaleurs en 2013).

13. À cet effet, le Pape Benoît XVI affirme : « Les Élections constituent un lieu d’expression du choix politique d’un peuple et sont signe de la légitimité pour l’exercice du pouvoir. Elles sont le moment privilégié pour un débat politique public sain et serein, caractérisé par le respect des différentes opinions et des différents groupes politiques. Favoriser un bon déroulement des élections, suscitera et encouragera une participation réelle et active des citoyens à la vie politique et sociale » (Benoît XVI, Africae Munus, n. 131).

Appel au Clergé et aux consacrées

14. Nous vous rappelons que votre consécration au Christ est un engagement au service du bien-être du peuple dans la justice, la vérité et la paix. Fort de ces valeurs fondamentales qui ne doivent être trahies sous aucun prétexte, nous vous rappelons ce qui suit par rapport aux activités politiques :

  • Respectez et célébrez les Messes en faveur de la paix et de l’unité nationale, même demandées par un parti politique. Pourvu que l’intention soit respectée.
  • Demeurez constant dans l’impartialité ;
  • Abstenez-vous des sollicitations contraires à l’unité et à la paix ;
  • Refusez fermement les affiches et banderoles à caractère politique dans l’enceinte des Paroisses (et les murs extérieurs y compris).
  • Interdisez tout débat et réunion à caractère politique au sein des espaces paroissiaux, les Écoles catholiques comprises.
  • N’accordez pas la parole aux candidates et candidats pendant les Célébrations Eucharistiques et autres Prières.
  • Ne servez pas les intérêts d’un parti politique.
  • Recevez, conseillez et priez pour toutes celles et pour ceux qui en ont besoin en toute neutralité et uniquement dans l’intérêt de la nation congolaise.
  • Demeurez ouverts aux hommes et femmes de bonne volonté pouvant contribuer à une dynamique de développement, de paix et d’unité nationale.
  • Gardez présent à l’esprit cette recommandation du Christ Maître et Sauveur : « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. Vous êtes la lumière du monde (…) On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison… » (Mt 5, 13-14).
  • Abstenez-vous de tout propos ambigu ou pouvant favoriser la dispersion du Peuple de Dieu.

Conclusion

15. Filles et fils bien aimés, la lutte contre les antivaleurs n’a pas de limites. L’avenir de notre pays se trouve donc entre nos mains. Puisse l’intercession maternelle, de la Très Sainte Vierge Marie à qui notre cher pays le Congo a été confié, obtenir pour nous, auprès du Ressuscité, la lucidité des choix que nous devons effectuer et la détermination dans leur accomplissement pour la plus grande gloire de Dieu et le bien de la Nation Congolaise.

Fait à Brazzaville le 31 mai 2022
En la Fête de la Visitation de la Vierge Marie

 

Pour les Archevêques et Évêques du Congo

Mgr Bienvenu MANAMIKA- BAFOUAKOUAHOU
Archevêque de Brazzaville
Président de la CEC

 

 

 


 
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